le fantôme du pont d'Ainay

Publié le 20/02/2012 à 11:25 par littera-ainay69 Tags : drogue poignard arles autoroute pierres saone cassis bateau vayre lyon
le fantôme du pont d'Ainay

 

 

le fantôme du pont d'Ainay

 

 

 

 

 

résumé

Un jeune homme est assassiné sur son bateau amarré sur le quai de Saône à Lyon (à l’emplacement du pont d’Ainay).
Le commissaire Alain Castagne et son auxiliaire l’inspecteur Acquois Serge sont chargés de l’enquête. Un simple meurtre! Les enquêteurs iront de surprise en surprise et devront côtoyer le monde de l’argent, la haine, la jalousie, la drogue, la corruption, des gens dépourvus de morale et de scrupules se servant de personnes vulnérables et n’hésitant pas à tuer pour satisfaire leurs plus noirs desseins.
« … L’argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître. »
Dumas (fils)

Ce roman est absolument fictif dans lequel, l’humour est présent.

En fait, Alain Chassagne était un ami; il est décédé en juillet 1997. Au Cardiff (bar dans lequel nos rencontres étaient fréquentes), nous pensons beaucoup à lui.

Dans mon roman, il est devenu le commissaire Alain Castagne. Un autre ami, Serge Nesmon  endosse le rôle de l'inspecteur Acquois Serge.

 

 


extrait du roman

 

Chapitre 1

Que celui qui n’a jamais pêché me jette le premier hameçon ?

Robert Ballefin

Dès potron-minet, Rudy Vayre promène son vieux berger allemand. C’est immuable ! Ce retraité du rail et son ami canin rejoignent lentement le quai. Là, le quadrupède peut déambuler en toute liberté. Rudy affectionne les sorties matinales ; les flics n’arpentent pas encore les rues de Lyon et les bords de Saône pour verbaliser les propriétaires, dont le chien erre à quelques pas de son maître. Depuis quelques années, une loi le stipule ! Chaque chien doit être tenu en laisse et comble de l’injustice… pour certaines races, nos amis canins doivent porter une muselière. Le colombophile

serait très inspiré de prendre de telles mesures concernant les élus ; ces derniers diraient sans doute moins de conneries. Là, nous sommes dans le domaine des chimères ! Dernièrement, le maire a mis en place une brigade de propreté pour verbaliser les propriétaires de chiens ; en effet, ces derniers pourraient faire leurs besoins autour des arbres du quai. Les centaines de bouteilles cassées laissées par les « clodos », les sacs contenant des bribes de nourriture ; tout cela n’a pas d’importance, ces pauvres hères sont insolvables… ils peuvent donc tout se permettre et ils ne s’en privent pas. Pendant ce temps, les voyous, les gangsters peuvent déambuler dans les rues. Il est vrai, cela rapporte plus de fric à la ville… il en faut de l’oseille pour payer tous les « parasites » gravitant à l’intérieur de la mairie centrale.

Quelques péniches sont amarrées le long du quai. Entre ces monstres de ferraille, un petit bateau semble être une coquille de noix.

Sur cette frêle embarcation vit un homme seul ; déterminer son âge est une gageure ! Ses cheveux longs et sa barbe hirsute ne facilitent pas la tâche. Cet individu ne doit pas dépasser la quarantaine ; la brillance des yeux, l’absence de rides sur le visage laissent présager d’un homme relativement jeune.

Cet être (un tantinet marginal) passe ses journées à nettoyer son bateau ou repeindre quelques parties défraîchies ; de temps à autre, il « gratte » sa guitare. Ce garçon était allé passer quelques mois en Jamaïque. Un soir dans une boîte de Kingston, il avait eu la chance de rencontrer Bob Marley. Ce dernier laissa une empreinte indélébile dans le cœur de Jacques.

Bob Marley est considéré comme celui qui a permis à la musique jamaïcaine et au mouvement rastafari de connaître une audience planétaire. Bob Marley a vendu plus de 200 millions de disques à travers le monde : il est le plus grand vendeur de disques reggae de l'histoire.

 

Rudy n’est pas très « branché » sur Bob  Marley et le reggae en général ; cela n’empêchait nullement les deux hommes d’avoir une conversation intéressante.

D’un naturel curieux, monsieur Vayre souhaiterait converser plus longuement, mieux connaître la vie de ce garçon. Rudy effectua une partie de son service militaire sur un bâtiment de la marine nationale et participa à la guerre d’Algérie au sein d'un régiment de fusiliers marins. Parler de la mer avec un connaisseur réveillerait quelques souvenirs de jeunesse.

Ce matin, sur le pont du « Petit Chose », c’est le calme plat. Le nom de ce bateau rappelle au père Vayre ce célèbre roman ; son propriétaire, s’est-il inspiré de l'ouvrage de Daudet ?

A-t-il eu (à l'instar du célèbre Gardois) une enfance très dure ?

Rudy est fort étonné ! D’ordinaire, quelques notes de musique s’échappent de la cabine.

Aujourd'hui, seul le clapotis des petites vagues heurtant la coque trouble le silence ; le voilier se dandine, ballotté par le courant. Depuis quelques jours, d’importantes pluies rendirent la Saône particulièrement haute et boueuse.

Très dépité, le Rudy doit se passer de sa causette quotidienne ; on s’habitue vite à une présence. Monsieur Duchênedisait. « Un seul hêtre vous manque et tout est un peuplier. »

Nonchalamment, le vieil homme continue sa promenade, son chien n’est pas du tout pressé de rentrer au logis ; il renifle dans tous les coins. Arrivé, au bout du quai, Rudy revient sur ses pas et passe à nouveau devant le « Petit Chose » ; aucun signe de vie n'émane du bateau. La porte de la cabine n’est pas verrouillée ; cette dernière s’ouvre et se ferme au rythme du roulis.

— Hé ! Bob Marley ! Êtes-vous là ?

 

N’obtenant pas de réponse, Rudy monte sur le pont du bateau et avance jusqu’au seuil de la cabine. Là, dans la pénombre, il perçoit le maître des lieux, allongé sur la couchette.

Ne voulant point troubler le repos de cet homme, le retraité s’apprête à quitter le pont. Ses yeux s’habituant à l’obscurité, il distingue plus nettement le corps de l’individu dont la poitrine est ensanglantée.

Le sexagénaire ne perd pas un instant ! Il court en direction de la cabine téléphonique située au coin de la rue. Malgré la pente douce de la rampe d’accès au quai, l'ancêtre arrive au sommet, très éprouvé.

Au moment de traverser la chaussée, monsieur Vayre aperçoit une voiture de police circulant lentement dans la voie réservée au bus. Il fait un signe de la main, le véhicule se gare sur le côté.

— Que se passe-t-il ?

— Je viens de découvrir un homme dont la poitrine est couverte de sang.

— Près d’ici ?

— Dans la cabine d’un bateau amarré au quai. Venez, je vous y conduis.

 

Rudy Vayre et deux policiers descendent au bord de la rivière, le troisième homme reste dans la voiture.

Les fonctionnaires de police montent à bord ; l’un d’eux examine le corps et pose deux doigts sur le cou de la victime.

— Il est mort ! Préviens les mecs du commissariat ; ils feront le nécessaire.

Rudy Vayre est très affecté par la mort de cet homme. Ils se voyaient quasi chaque jour ; ce garçon était devenu un compagnon du matin. D’autre part, les deux hommes se rencontraient parfois au « Cardiff », un bar situé dans la rue Vaubecour ; là, ils buvaient un verre en refaisant parfois le monde. Le jeune homme n’était pas particulièrement disert, mais sa conversation reflétait une certaine culture. Rudy avait perdu un fils ! Sébastien avait dix-huit ans lorsqu’il décéda après une chute de cyclomoteur ; cet enfant aurait aujourd’hui presque le même âge que le garçon retrouvé mort sur son bateau. Ce décès fait remonter quelques souvenirs malheureux, d’où la grande émotion ressentie par Rudy.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 2

Un chien policier urine toujours dans le caniveau ; son maître en est issu.

Robert Ballefin

 

 

 

Une fois n’est pas coutume ! Ce matin, je suis éveillé de bonne heure. En me prélassant au fond de mon « pieu » douillet, je tire des plans sur la moquette (comme dit le mec de chez Saint Maclou). Les poseurs de moquettes « tirent » plutôt les clientes sur le revêtement de sol fraîchement installé ; les acariens ne sont pas encore présents. Les femmes souffrent en général d’acarophobie

! Ces animaux microscopiques pourraient s’insérer dans les endroits les plus intimes de leur corps et provoqueraient quelques irritations ou autres allergies susceptibles de nuire au bien-être généré par le rapport sexuel. Je me demande d’ailleurs pourquoi, nous détestons autant ces petites bêtes ; celles-ci ont une durée de vie très courte (six semaines environ).

Aujourd’hui, c’est mon jour de repos. Ce matin, j’ai donc prévu de déposer ma « tire » au garage « Majestic », situé à deux pas de chez moi. Ensuite, j’envisage de me rendre au chevet de mon ami Fondis (cinq et cinq pour les intimes) ; le Ernest doit se lamenter sur son lit d’hôpital. Ayant dû subir une intervention délicate, il est en ce moment hospitalisé à Saint-Joseph.

Fondis tentait d’intercepter deux voyous. Ces derniers avaient « chouré » une « tire » ; les poulets tentèrent de leur barrer la route. Les malfrats foncèrent sur les policiers. Ernest se jeta sur le côté pour éviter la chignole ; le bâtard assis sur le siège « passager » sortit un « feu » et tira sur mon pote. La bastos était de gros calibre ; le genou de « cinq et cinq » morfla « grave ».

Grièvement blessé, Ernest put néanmoins faire usage de son arme. Il eut la chance de toucher le réservoir de carburant ; la grosse berline explosa aussitôt. Les deux zigotos jouèrent un remake de la mort de Jeanne d'Arc (la première femme au foyer). Pour eux, ce fut le mercredi des cendres. Fondis aime ce genre de justice expéditive ; nul besoin de passer les bracelets, établir un tas de paperasses, écouter les balivernes des avocats, des assistantes sociales et des familles. Celles-ci clament haut et fort:« Notre enfant n’a pas enfreint la loi. Parfois, les flics doivent se farcir l’IGPN. Ce service est composé de flics « planqués » chargés de faire chier ceux qui « grattent » réellement. Un jour prochain, nous aurons d’autres « parasites » chargés d’inspecter l’IGPN au cas ou ce service viendrait à commettre des erreurs grossières. Ce serait un comble ! Comment pourraient-ils commettre des erreurs en ne faisant rien ?

Ernest aime l’action ! Ceci est indéniable. Si elle est relevée d’une pointe de danger, alors « cinq et cinq » prend réellement son pied. En ce moment, cela ne doit pas être le cas ; sa « guibole » est entièrement plâtrée et placée en élévation. La position est sans doute peu agréable. Gardera-t-il des séquelles de cette blessure ; ce serait fort dommageable. Pour un « flic », la claudication fait un peu désordre ! Je vois mal ce brave « cinq et cinq » passer ses jours dans un bureau et taper sur le clavier d’un ordinateur. Certes ! Il est préférable de taper sur un ordinateur que sur son épouse.

« Les femmes sont comme le beurre… plus elles sont battues, meilleures elles sont ! »

Je n’aurai pas l’outrecuidance de commenter cette phrase ignoble et laisserai donc la responsabilité de ces propos à son éventuel auteur.

À propos d’Ernest, je dois narrer notre rencontre.

Un soir, je redescendais de Longessaigne; dans ce patelin, j’avais fêté une « pendaison de crémaillère ». Inutile de vous le préciser… tard dans la nuit, en remontant dans ma « chignole », il me restait un peu de sang dans l’alcool ! Mes amis ne souhaitaient pas me voir conduire et me proposèrent gentiment de passer la nuit dans leur demeure. Un homme ivre n’est pas raisonnable ; c’est un secret pour personne.

Je ne sais pas si vous connaissez la région. La route est assez sinueuse et dont le revêtement n’est pas en très bon état. Dans mon état, la chaussée eut mérité d’être un chouïa plus large. Dans un virage, je fus quelque peu aveuglé par des phares ; le conducteur ayant tardé à passer en feux de croisement. Je dus faire un écart de conduite et m’emplâtrai, la « tire » venant en face. Le choc fut violent ! Grâce aux airbags et aux ceintures de sécurité ; aucun blessé ne fut à déplorer. En remplissant les « papelards », nous pûmes le constater… nous étions deux flics (bourrés en l’occurrence) et désormais sans voiture pour rentrer au bercail. Je téléphonais à un ami dépanneur, il vint avec son camion pour évacuer les deux « charrettes » ou plutôt ce qu’il en restait. Fondis habite à quelques « bornes » ; à l’aide de son portable, il héla son épouse. Celle-ci arriva quelques minutes après. Le pauvre Ernest entendit alors tous les noms d’oiseaux possibles et imaginables. Depuis cette nuit-là, nous sommes de bons amis et ne conduisons plus jamais en état d’ébriété. Sagedécision ; nous ne regrettons pas de l’avoir prise.

Pour Fondis, le problème est plus ardu. Son épouse l’a prévenu ! En cas de récidive, elle se « casse » du domicile conjugal. Pour cette nana, mon pote ressent un amour quasi incommensurable. Il ne boit plus ou, très peu.

En fait, ce brave Jean Ferrat avait raison de chanter… « La femme est l’avenir de l’homme ! »

 

Pardonnez-moi d’être sorti du sujet ; je devais vous narrer cette anecdote.

Après la visite à Fondis, je dois passer dans un troquet dans lequel, je me rends régulièrement ; la patronne cuisine une « bouffe » très simple, mais succulente et mijotée à souhait. Généralement, la journée se termine par une partie de « coinche » avec les habitués du troquet ; ce sont en grande partie des retraités ; certains méritent réellement le titre de joyeux drilles. Fatalement, entre les embrouilles avec leur « bergère », les parties de cul avec leur « roue de secours » (ils appellent ainsi leur maîtresse), et leurs souvenirs de « boulot » ; y a de quoi faire ! Si l’un d’eux y ajoute une pointe de politique, l’après-midi part en « live ». De leur temps, les patrons étaient souvent de gros cons et les représentants syndicaux ne l’étaient pas moins ; aujourd’hui, rien n’a changé. Je me suis souvent posé la question ! À quoi servent les syndicats ? En effet, les ouvriers prennent une carte ; leurs délégués devraient les représenter et éventuellement faire évoluer les choses dans le bon sens. C’est un leurre ! Les délégués syndicaux ont du temps de libre rémunéré par leur « boîte » ; ils peuvent donc se bourrer la gueule et se farcir quelques putes en toute quiétude et sans sortir un radis de leurs fouilles. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet ; je sens déjà sourdre en moi un courroux me nouant les tripes.

 

Parfois, pour sortir des histoires sordides de politique, je narre quelques anecdotes de « flics ». Cela détend l’atmosphère.

 

« La police est un refuge pour les alcooliques qu’on n’a pas voulu à la SNCF et aux PTT. »

Coluche

 

Après moult hésitations, je consens à m’extirper de mon pieu et fais couler un bain. En me prélassant dans ma baignoire, j’essaye de remplir une grille de mots croisés. Quand je « trempe », les définitions des grilles paraissent plus simples. Soudain, j’entends des sirènes de police et de pompiers. Cela ne m’étonne pas outre mesure ; le quai Tilsitt borde la Saône et passe juste au-dessous de mes fenêtres. Sur cet axe, les accidents sont fréquents. Il faut dire ! Le matin, les automobilistes roulent comme des « malades ». Aujourd’hui, les sirènes de la rousse cessent près d’ici. Tel un fonctionnaire se jetant sur la pause-café, ou un juif sur une pièce de cinq centimes, je sors de l’onde, me sèche brièvement et me rends près de l’une des trois fenêtres de la salle de séjour. En fait, je suis aux premières loges ; les voitures de police et de pompiers sont descendues sur la berge de la rivière.

Nous sommes au mois de mars, les arbres commencent à se parer de vert. Ce côté de la rivière est encore plongé dans l’ombre ; quant à la rive droite, quai Fulchiron, le soleil luit déjà de tous ses feux. En levant un tantinet les yeux, j’ai une vue superbe sur la colline de Fourvière et sa basilique à l’architecture tant décriée. Ils ne sont d’ailleurs plus très nombreux à pouvoir se targuer d’appartenir à de réelles familles de la cité des Gaules.

Je peux prétendre être de celles-là ; en effet, depuis cinq générations, la famille « Castagne » habite l’immeuble.

Tel un bon « professionnel », je me vêts en hâte et descends sur le quai pour connaître la motivation d’une telle activité. Là, je rencontre un retraité de la SNCF. Le vieil homme paraît catastrophé !

— Vous en faites une tête? Rudy.

— Ne m’en parlez pas ! Commissaire. Comme chaque matin, je souhaitais discuter avec Jacques, le propriétaire du bateau. Ne l’apercevant pas, j’ai appelé… en vain. Finalement, j’ai grimpé l’échelle pour accéder au pont, la porte de la cabine n’était pas fermée, j’ai donc pénétré dans les entrailles de cette coquille de noix.

Jacques était allongé sur sa couchette, la poitrine couverte de sang. J’ai quitté les lieux en toute hâte pour aller téléphoner à la cabine située en bas de chez vous. Les secours sont arrivés… l’homme est mort.

— Est-ce un crime ?

— Je ne puis vous le dire ! La police m’a prié d’attendre l’arrivée des « officiels » ; ils auraient des questions à me poser.

— C’est évident ! Inutile de vous mettre martel en tête ! Vous ne l’avez pas tué, ce garçon?

— Non ! Vous connaissez les « flics » ; ils sont tellement « tordus », ils sont encore capables de me chercher des noises. Ces « blaireaux » vont essayer de m’embrouiller. Dans quelques années, nous aurons une horde de poulets collés au « train ». Entre la police nationale, la police municipale, la brigade de propreté, les « lustucrus » n’arrêtent pas de coller des papillons sur les pare-brise.

— Dites-moi… père Vayre ! On ne vous appelle pas « branche de saule » ; vous pleurez souvent. Chez vous, c’est pathologique ?

— Pourquoi… pas trop logique ?

— Je vous prie de m’excuser un instant ; mon portable sonne. Je subodore déjà le pire.

— Allo… Castagne ?

— Ne vous présentez pas ! Patron. J’ai reconnu votre voix et son ton patelin.

— Vous ne m’attendiez certainement pas ! Nonobstant, un jeune homme vient d’être trouvé mort au bord de Saône, non loin de votre domicile. Êtes-vous au courant ?

— Aujourd’hui, c’est ma journée de repos ; je l’ai déjà planifiée.

— Vous devrez sans doute revoir vos plans ; un crime a lieu près de chez vous, vous êtes sans doute le mieux placé pour être chargé de l’enquête. Le moindre recoin du quartier ne recèle aucun secret pour vous.

— Vous êtes vraiment un « tourmente-chrétien » (l’expression préférée de ma mère), je souhaitais me rendre au chevet de ce pauvre Fondis ; depuis son accident, je n’ai pas trouvé un instant pour lui rendre une petite visite d’amitié.

— J’ai fait porter une botte de tulipes par mon épouse.

— Vous raisonnez vraiment comme un coup de marteau sur une merde ! Des tulipes. Il affectionne particulièrement le bon vin ; une bonne « boutanche » de derrière les fagots était un cadeau plus apprécié. Il est vrai, entre le prix d’une botte de fleurs coupées et un flacon de Pommard, il n’y a pas photo ! Votre pingrerie est légendaire ; vous n’auriez pas été baptisé au sécateur?

— Vous êtes bien injuste ! Commissaire. De plus, ce genre de breuvage n’est pas très apprécié au sein de tels établissements !

— Certes, il faut planquer la bouteille ! Vous faites toujours les choses de façon ostentatoire: sans doute pour montrer votre sollicitude à vos hommes.

Dites-moi ! Cette enquête doit être officialisée?

— Le « proc » va arriver incessamment sur les lieux ; voyez avec lui. Je dois monter à la Tour de Salvagny

pour y faire quelques trous avec un ami ; nous avons une passion commune… le golf. Le temps paraît clément ; les conditions semblent réunies pour fouler le green. N’hésitez pas à m’appeler sur mon portable, s'il y a urgence ; cela se conçoit.

— Les fonctionnaires sont comme les livres dans une bibliothèque… les plus haut placés servent le moins. Le long du parcours de golf, traînez-vous votre « charrette » contenant vos outils ?

— Je laisse ce soin à mon petit-fils ; il adore la nature, les vieilles pierres !

— En effet, si ce garçon apprécie les chefs-d'œuvre en péril, il doit vous aimer. Inutile de vous fâcher ! C’est une boutade.

— Je sais ! Castagne, je sais. Au bout de toutes ces années passées à vos côtés, je devrais être « blindé ». Parfois, votre humour est assez caustique ; il est un tantinet indigeste.

 

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